L'architecture en France
jusqu'en 1900...L'Antiquité. L'architecture du Moyen âge. L'architecture romane. On peut distinguer, dans l'histoire de l'architecture (et de l'art en général) en France, trois grandes périodes : d'abord l'architecture antique, qui est apportée par les Grecs, et se cointinue avec l'art gallo-romain; puis l'architecture chrétienne, qui s'étend du Ve au XVIe siècle, embrassant l'art latin, l'art roman et l'art ogival ou gothique; enfin l'architecture de la Renaissance et l'architecture moderne, qui, avec son éclectisme, est de plus en plus une architecture européenne et mondiale et de moins en moins une architecture que l'on peut qualifier de française.
L'Antiquité.
Les colonies grecques du midi de la Gaule apportèrent leur système architectural : on voit, au bas de Vernégues, près de Pont-Royal, les ruines d'un temple grec; les musées des villes du Sud de la france renferment des stèles, des autels, et autres objets de cette époque. Les Romains répandirent dans la Gaule leurs légions de soldats et d'ouvriers, et la couvrirent de leurs monuments. Aujourd'hui encore nous pouvons admirer ces prodiges de construction qui ont survécu à tant de siècles : les ponts de Saint-Chamas, de Sommières, de Vaison; l'aqueduc de Nîmes dit le Pont du Gard; les aqueducs de Lyon et de Metz; les portes des villes de Saintes, de Nîmes, d'Autun et de Carcassonne; les Thermes de Cluny, à Paris, de Saintes, de Nîmes, etc.; les arcs de triomphe d'Orange, de Carpentras, de Reims, de Saint-Remy, de Cavaillon; les théâtres de Lillebonne, d'Orange, de Vienne; les amphithéâtres de Nîmes, d'Arles, de Saintes; la Maison carrée de Nîmes, le palais de Constantin à Arles, le palais Gallien à Bordeaux, le temple de Livie à Vienne, le temple de Riez; la pyramide funéraire de Couard près d'Autun, et celle de Saint-Remy; enfin, parmi les constructions militaires, la tour de César, à Provins.
L'architecture du Moyen âge
Le christianisme ne modifia pas d'abord l'architecture romaine; il en adopta les formes et les règles jusqu'au XIesiècle. Les premiers chrétiens furent obligés de se réfugier dans des souterrains pour célébrer en secret les cérémonies de leur culte : ces premières églises ou cryptes sont en général petites, sans autre décoration que quelques peintures grossières. La crypte de l'église d'Ainay à Lyon, celle de Saint-Gervais à Rouen, et l'église Saint-Paul dans l'ancien cimetière de Jouarre, peuvent donner une idée de ces monuments primitifs de l'art chrétien. Lorsque Constantin eut permis aux chrétiens de célébrer en liberté les mystères de leur religion, ils élevèrent de tous côtés des oratoires et des églises, modestes constructions faites sur le modèle des basiliques latines, ce qui a fait donner à cette première architecture chrétienne le nom de style latin. Les Francs et les autres Germains, en s'établissant dans la Gaule, ne modifièrent pas davantage le système artistique qu'ils y trouvaient en usage : ils acceptèrent donc l'art latin, comme ils prirent la religion, la langue et les moeurs des Gallo-Romains. Jusqu'au VIIIe siècle, les constructions sont petites, le plus souvent en bois, avec une décoration d'un goût sommaire. Les monuments encore existants de l'époque mérovingienne sont : l'église de Saint-Jean à Poitiers, qui date du Ve ou VIe siècle; l'église de Savenières, dont la façade et la nef sont du VIe ou VIIe siècle; l'église de Saint-Jean à Saumur, et la Basse-Oeuvre de Beauvais, qui datent du VIIIe.
Avec Charlemagne on voit paraître les dômes' byzantins, et les formes arrondies de l'église funèbre de Jérusalem, de Sainte Sophie à Constantinople, et de Saint-Vital à Ravenne. Les relations du grand empereur avec l'Italie et l'Orient ont imprimé à l'architecture de nouvelles tendances; mais son règne est trop court pour que l'art prenne de la fixité et une détermination précise, et, après lui, de nouvelles ténèbres couvrent la France. Les monuments loi nous restent de l'époque carolingienne sont plusieurs églises d'Aix-la-Chapelle, de Cologne, et de Nimègue, l'église de Sainte-Croix à Saint-Lô, Notre-Dame d'Orbieu, les églises d'Orcival, d'Issoire, de Vermanton, de Saint-Nectaire, de Nantua, les abbayes de Fontenelle et de Tournus, !'église de Saint-Bénigne à Dijon, l'église Saint-Martin Angers, la Manécanterie de Lyon, et la crypte de Saint Denis, près de Paris.
Toutefois, il ne faudrait pas regarder comme frappés de stérilité ces longs siècles d'hésitations et de tâtonnements : il s'opère un travail lent, mais continu, de transformation, et lorsque les temps deviennent meilleurs, lorsque le calme renaît, on est tout étonné de voir se produire des idées mûries, des formes nouvelles et savantes
L'architecture romane.
Après l'an mil l'architecture romane se développe presque instantanément dans toute sa beauté. II semblait, selon l'expression d'un chroniqueur contemporain, que l'Europe se dépouillât de ses haillons pour revêtir la robe blanche des églises. II y a bien encore des réminiscences byzantines, mais le plan de la basilique s'est modifié : plus de sanctuaire absidal, de transept sans choeur, de nefs isolées : le sanctuaire et le choeur sont réunis et allongés; des nefs absidales et des chapelles rayonnantes les entourent; le transept s'est reculé et ne forme plus que la tête des nefs pour laisser plus de place aux fidèles; le plan a pris la forme de la croix grecque ou latine; la sculpturecommence a déployer ses richesses aux portails. L'art prend, en outre, un caractère national : tandis que l'Orient conserve des types et des règles hiératiques dans les représentations religieuses, l'Occident place dans ses monuments les costumes et les types nationaux, qui suivent les modifications du goût de chaque pays.
Les monuments de style roman ou romano-byzantin sont nombreux en France; nous citerons parmi les plus remarquables les églises de Saint-Germain-des-Prés à Paris, de Saint-Père à Chartres, de Saint-Sernin à Toulouse, de Sainte-Croix à Bordeaux, de Saint-Étienne à Caen, de Saint-Étienne à Beauvais, de Châlons-en-Champagne, de Noyon, de Saint-Georges de Boscherville, de Saint-Benoît-sur-Loire, de Vézelay, les parties inférieures et la crypte de la cathédrale de Chartres, les portails de Saint Trophime d'Arles et de Notre-Dame de Poitiers. A la même, époque, des édifices d'un genre différent, imités de l'art grec qui se développait dans Saint-Marc à Venise, s'élevaient dans quelques provinces, semblables a ces graines enlevées par les vents et qui donnent naissance à des arbres étrangers aux pays où elles ont été portées : un de ces curieux édifices est l'église de Saint-Front à Périgueux, copie exacte de l'église de Saint Marc, et qui a servi probablement de type aux cathédrales de Cahors et d'Angoulême, aux abbayes de Solignac et de Souillac, et peut-être à la cathédrale du Puy.
Il est à remarquer que les grandes provinces de France eurent chacune une école et un style particuliers. Dès le Xe siècle, des écoles d'architecture étaient établies dans les couvents : elles subissaient la domination exclusive des écoles grecques, dont la richesse se prêtait merveilleusement au luxe déployé dans les églises. Mais, au XIIe siècle, Saint Bernard tonna en chaire contre ce luxe; alors éclata une scission : l'école de Cluny conserva la richesse du style byzantin, tandis que celle de Cîteaux, revenant à la simplicité, à la sévérité, abandonna les formes luxuriantes. Cette dernière école prépara et amena le style ogival dans sa belle simplicité.
A partir du XIIesiècle, les écoles architecturales peuvent se reconnaître à la différence des matériaux qu'elles emploient et du style de leurs monuments ce sont :
1° l'École ligérine, qui s'est développée le long de la Loire, dans le Blaisois, la Touraine, l'Anjou, le Maine et le Poitou; elle se distingue par l'élégance et la profusion des ornements qu'elle jeta autour des portes et des fenêtres, sur les murailles, les frises et les chapiteaux, tels qu'enroulements, guirlandes, bouquets, branches chargées de feuilles et de fruits, fleurs, dessins en arabesques, par la solidité de ses voûtes en plein cintre, par la grandeur, le choix et la régularité de l'appareil;
2° l'École aquitanique, qui a conservé avec ténacité jusqu'au XIVe siècle le style romano-byzantin, et qui, remarquable, comme la précédente, par la pureté et l'élégance de ses sculptures, n'a employé qu'exceptionnellement les chevrons brisés, les méandres, les échiquiers ou damiers, les tores rompus, les losanges et toutes les moulures anguleuses, préférant les lignes arrondies et flexueuses;
3° l'École auvergnate, dont les membres, se consacrant uniquement à l'architecture religieuse, s'intitulaient les logeurs du bon Dieu, les monuments quelle éleva offrent des contre-forts plus rares et moins prononcés que dans le Nord, des colonnes moins courtes et moins ramassées que celles du roman primitif, des tours peu développées, peu de richesse dans les moulures, une marqueterie décorative aux archivoltes, aux frontons, au pourtour des absides, enfin de petites et persistantes arcatures;
4° l'Ecole bourguignonne, qui conserva les pilastres cannelés de l'architecture antique;
5° l'Ecole normande, la plus importante, la plus féconde, la plus pure de tout alliage, inférieure par rapport à l'ornementation tant que dura le style romano-byzantin, mais qui prit un grand essor à l'époque ogivale, et dont les monuments, de vastes proportions, se couronnèrent de belles tours carrées et de flèches élancées.
L'architecture gothique.
L'architecture de la Renaissance.L'architecture des Temps modernes